Napoléon et la chasse (II) : aménagements, déménagement
D’après Le Grand Veneur de Napoléon Ier à Charles X, Charles-Eloi Vial, 2016.
Désirs assumés, organisation féroce, sens aigu du détail : les qualités qui ont fait la puissance de Napoléon Ier étaient à l’œuvre lors de son passage à La Muette. Comme partout, l’empereur a laissé son empreinte, en l’occurrence sous la forme de 38 dalles qui ornent aujourd’hui le sol du grand vestibule.
Comment l’empereur séjourna à La Muette
Le 15 décembre 1809, l’empereur divorce de Joséphine de Beauharnais. La nouvelle élue est Marie-Louise d’Autriche, qui présente un pedigree impeccable et prestigieux, en tant que petite-nièce de Marie-Antoinette. Elle est surtout jugée plus capable de lui donner un héritier, ce qui est désormais la grande affaire napoléonienne. Grand seigneur, Napoléon laisse à sa première épouse le château de La Malmaison, se privant d’un agréable relais de chasse en Ile-de-France. Qu’à cela ne tienne ! Depuis Vienne où il est en campagne, l’empereur demande à son secrétaire Daru de s’occuper d’aménager le premier étage du pavillon de la Muette pour l’accueillir avec sa nouvelle promise.
Un garde forestier un peu embarrassant
Les travaux viennent à point pour déloger un garde forestier qui occupait l’étage impérial avec toute sa famille. Une situation qui remontait à la construction même du pavillon : en 1767, une lettre de l’architecte Nicolas Galant à son commanditaire Marigny fait l’inventaire des desiderata du concierge Brou, pour qui un logement devait être construit. Faute de moyens, l’ambitieux projet de dépendances ne vit pas le jour, et le sieur Brou finit par s’installer en 1778 au premier étage du pavillon. Sommé de laisser l’appartement du premier étage au nouveau maître de l’Europe, Le Pelletier, le concierge du domaine qui a succédé à Brou, résiste. Dans une lettre de Duroc à Daru le 22 mars 1809, le grand maréchal indique que « le garde général de la forêt a continué à loger [au premier étage du pavillon] malgré la défense de Sa Majesté ». Il finira par obtempérer l’année d’après, non sans avoir obtenu la construction d’un logement dédié situé près des anciens chenils, qui constitue aujourd’hui la « maison forestière » du domaine.
Même loin, Napoléon est présent
L’irrésistible ascension de l’empereur ne l’empêche pas de suivre ses affaires locales avec un sens du détail qui frise l’obsession : depuis la Russie, Napoléon commande la restauration de 38 dalles dans le grand vestibule, et ordonne que l’on procède à l’inventaire ainsi qu’au changement de mobilier.
Duroc commande des tables et le pavillon est décoré avec deux suites de tapisseries dont celle des Fruits de la guerre sur cartons de Jules Romain, tissées à la Manufacture des Gobelins en 1685-1686 et utilisées à Versailles jusqu’en 1789. Ces tapisseries étaient destinées notamment à absorber l’humidité.
Au premier étage de La Muette, c’est « à la guerre comme à la guerre », un lit de camp glissé dans une alcôve pour lui, une modeste chambre pour l’impératrice. Celle-ci s’assurera d’y trouver un nécessaire de toilette digne des chambres royales. On peut faire simple mais il y a des limites, tout de même !
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